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HISTOIRE DE MA VIE 49

Le !«'■ thermidor, il écrivait : « Quoi que tu en dises, il » n'y a point d'amis à la cour. 11 n'y a pas même de » camarades, et tel qui a recherché votre amitié et votre » aide dans les mauvais jours vous regarderait du haut en » bas si vous aviez l'air de vous en souvenir. »...

« Franceschi, premier aide de camp de Mas-

» séna, veut que je retourne mes batteries du côté de ce » général, qui va commander l'armée des côtes ou celle du 5) Portugal, et j'aimerais beaucoup mieux cela que d'aller » à Charleviile découper les gigots de Dupont. »

Là-dessus Maurice prie sa mère de l'aider par ses lettres à faire croire au général Dupont qu'il a la fièvre tierce. Il est certain qu'il ne veut pas quitter Paris pour parader dans une garnison tranquille où il n'y a pas une amorce à brûler, et qu'il ne s'arrachera à ses amours qu'au premier coup de fusil tiré contre V ennemi.

Les alarmes de la mère se réveillent, car elle devine ou pressent la cause de cette répugnance à rejoindre le général. Elle ne s'effraye plus de l'idée d'un mariage contraire à ses vœux. Elle n'y croit plus, parce que la passion a per- sisté sans s'abriter sous un contrat. Mais elle se sent une rivale dans le cœur de so '■her enfant, et elle ne s'encon sole pas,

« Un article de ta lettre m'a profondément affligé, ma » bonne mère. Tu crois que quelqu'un cherche à détruire » dans mon cœur l'amour filial que je te porte. Ce quel- » qu'un-là serait bien malavisé et bien mal reçu, je le le » jure. Je donne un démenti formel à quiconque t'a fait » ce mensonge. Ne vois que partes yeux, ma mère, je t'en » su;)plie. Ils sont si bons et si justes ! N'écoule jamais » que le langage de mon cœur et ne consulte que le- tien. » De cette manière nous nous entendrons toujours contre j) ceux qui voudraient inquiéter et troubler le bonheur de