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HISTOIRE DE MA VIE 43

heur est que cela lui est parfaitement égal pour le mo- ment.

J'ai été passer la soirée chez Cambacérès. Toute

l'Europe était là, je crois. On a compté quatre cents voi- lures sur le Carrousel. Ce qu'il y a de remarquable, c'est l'accueil empressé que font les étrangers aux militaires français, tandis que messieurs de l'ancienne cour les dé- crient, et que messieurs de la nouvelle les dédaignent. Pour s'en venger, les uns et les autres prétendent que lesétran- tj'ers recherchent la mauvaise compagnie. N'est-ce pas plai- sant? Ainsi la duchesse de Gordon et la princesse d'Olgo- rouky vont s'encanailler chez Cambacérès.

J'ai revu avec une joie extrême notre ancien et

fidèle ami Heckel. Cela m'a consolé du reste. J'embrasse Jean-Louis-François Deschartres. ma bonne mère, sois certaine que je t'aime !

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Je t'assure que mes affaires sont dans le meilleur train possible, et que si personne ne me nuit dans l'esprit du premier consul au moment où ma demande lui sera pré- sentée, je ne vois pas du tout pourquoi il ne l'admettrait point. Madame de Lauriston m'a recommandé elle-même à son 111s, qui doit, à son premier travail avec le premier consul, exhiber nm supplique. Caulaincourt, que j'ai en- core vu, me confirme dans la certitude que je ne puis pas échouer. En attendant, puisque tu me reproches mon hu- meur sauvage, je vais un peu dans le monde. Avant-hier j'ai été présenté par Auguste chez le consul Lebrun. Il y avait foule dans le salon, et j'étais forcé de me tenir der- rière Auguste au moment où il débita sa phrase : « J'ai l'honneur do vous présenter mon oncle, aide de camp, etc. »