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HISTOIRE DE MA VIE *^

Paris, 12 pluviôse (février 1803).

Ne me gronde pas,

i'agis'du'mieuKqueje 'peux. Mais comment faire pour réussir quand on n'est pas né courtisan? Jai revu Cau- laincourt hier. 11 m'a fait déjeuner avec lui; il ma dit ouil avait mis lui-même ma demande dans le portefeuille du premier consul, et même qu'il lui avait parlé de mo-, mais que celui-ci lui avait répondu : Nous verrons cela. C'est peut-être bien un refus anticipé. Que veux-tu que j y fasse *> C'est Buonaparte lui-même qui m'a fait entrer dans l'état-major, et c'est Lacuée qui me l'a conseillé. A pré- sent, Lacuée dit que cela ne vaut pas le diable, et Buona- parte ne nous permet pas d'en sortir. Ce sera une grande faveur si cela m'arrivo, mais je ne suis pas homme a me mettre à plat ventre pour obtenir une chose si simple et si juste. Je n'ose pourtant pas y renoncer, car tout mon desir est de me fixer à Paris si la paix continue; comme ce a, nous nous arrangerions pour que tu vinsses y passer les hivers et nous ne vivrions pas éternellement sépares, ce qui rend mon état aussi triste pour moi que pour toi-même. Je n'y mets ni insouciance ni lenteur. Mais tu ne mas pas élevé pour être un courtisan, ma bonne mère, et je ne sais pas assiéger la porte des protecteurs. Caulaincourt est excellent pour moi, il a recommandé devant moi a son portier de me laisser toujours entrer quand je me présen- terais, à quelque moment que ce fût; mais il sait bien que je ne suis pas de ceux qui abusent, et s'il veut me servir réellement il n'a pas besoin que je l'imporlune.

Je vais ce soir chez le général Harville. c'est son jour de réception. J'y vais chapeau sous le bras, culotte et bas de soie noire, frac vert ! C'est à présent la ^'^^^' ^'T

. Ne me dis donc plus que tu vas lâcher de penser