SS HISTOIRE DE MA VIE
Paris, 29 frimaire.
Auguste 1 a pris hier le costume grave de son emploi de trésorier de la ville de Paris. 11 avait l'habit noir, l'épée, la bourse, et, dans cet équipage, il nous a fait mourir de rire. Il a toujours une figure superbe à qui tout sied, et il porte très-bien ce costume, mais c'est si drôle de voir re- paraîire les habits de jadis ! René veut être préfet du palais et sa femme dame d'honneur. Je l'ai fait enrager en lui disant que pour le coup ces dames ne la verraient plus quo de mauvais œil. Mais le premit^r consul a élé si aimable et si galant avec elle, qu'elle subit le commun prestige, et finit par avouer que tous ces grands seigneurs sont fiers et insolents. Ils le .sont d'autant plus, pour la plupart, qu'ils recherchent aussi la faveur du maîlre.
Madame de G*** est toujours en position d'oraison fu- nèbre et ne parle de son époux défunt que la larme à l'œil. Barrère brochant sur le tout, c'est édifiant ! . . .
12 nivôse ai XI (janvier 1803),
Je t'envoie un cha- peau de castor gris du dernier genre. Je l'ai choisi dans une caisse arrivant de Londres. C'est Irès-chaud, et c'est la mode effrénée.
René a étti à Saint-Cloud voir madame Bonaparte. Apol- line y est reçue on ne peut mi^ux, la mémoire de M. de Guibert est là en grande vénération. Tu vois bien qu'on fait la cour au passé.
1. Auguste de Villeneuve, son nevju,
