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mettre une bûche au feu, etc.; ces niaiseries m'ont toujours paru révoltantes, de même que de se faire coiffer et habiller par des femmes de chambre.

Une femme de chambre est un fonctionnaire qui doit coudre, ranger, conserver et entretenir le linge, les vête- ments, etc. Ce n'est point une esclave qui doive toucher à votre corps et nettoyer votre personne. Les infirmes, les malades, les vieillards épuisés ont seuls droit à ce genre de soins.

Mais, en même temps qu'il faut supprimer absolument des attributions domestiques tout ce qui les rend avilis- santes, il faut supprimer la familiarité morale, les confi- dences, les épanchements, même les entretiens inutiles et les causeries oiseuses. Je ne dis pas cela pour l'avenir, j'ee limite la nécessité au temps de transition où nous sommesj mais là, je la vois impérieuse, et je crois pouvoir assurel qu'il n'existe point encore de domestiques capables de ne pas abuser, à leur détriment autant qu'au nôlre, de notre intimité de cœur avec eux. Il faudrait qu'ils fussent arrivés à se connaître et à se sentir nos égaux. Mais tels qu'ils sont, il faut qu'ils soient nos esclaves ou nos maîtres, dès que nous leur demandons autre chose que de remplir une fonction auprès de nous.

Or la fonction de nous consoler, de nous distraire, de nous servir dans nos passions, de garder nos secrets, ou d'intervenir dans nos différends avec la famille, celte fonc- tion-là n'est pas créée, que je sache, et ne le sera jamais h I rix d'argent. Elle ne peut qu'être misérablement pervorlie et dénaturée entre deux êtres dont l'un se croit l'inférieur de l'autre. 11 y a échange entre la fonction et la rétribu- lion. Il n'y en a point entre répanchemcnt et la complai- sance, à moins que, par réciprocité, vous ne vous soumettiez à être à votre tour le confident et le complaisant de votre domestique, à le servir dans ses amours, à écoutef le récit