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HISTOIRE DE MA vrE 397

trouverait même pas tous dans l'immense nomenclature des jeux d'enfants rapportés dans le Gargantua.

Toutes ces amusettes nous passionnaient. La maison, le jardin et le pelit bois retentissaient de nos jeux et de nos rires. Mais vers la fin de la journée j'en avais assez, et s'il avait fallu passer ainsi deux journées de suite, je n'au- rais pas pu y tenir. J'avais déjà pris l'habitude du travail et je souffrais d'une sorte d'ennui indéfinissable au milieu de mes amusements. Pour rien au monde je ne me serais avoué à moi-même que je regrettais ma leçon de musique ou d'histoire, et pourtant elle me manquait à mon insu. Mon cerveau, abandonné à la dérive au milieu de ces plai- sirs enfantins et de cette activité sans but, arrivait à la satiété; et n'eût été la joie de revoir ma chère Godignonne^ j'aurais désiré, le dimanche soir, que les soeurs d'Ursule ne revinssent pas le dimanche suivant; mais, le dimanche suivant, ma gaieté et mon ardeur au jeu revenaient dès le matin, et duraient encore une partie de la journée.

Nous eûmes cette année-là une nouvelle visite de mon oncle de Beaumont, et la fête de ma bonne maman fut de nouveau préi)arée avec des surprises. Nous n'étions déjà plus assez naïves et assez confiantes en nous-mêmes pour désirer de jouer la comédie. Mon oncle se contenta défaire des couplets sur l'air de la Pipe de tabac, que je dus chan- ter à déjeuner en présentant mon bouquet. Ursule eut un long compliment en prose, moitié sérieux, moitié comique, à dégoiser. Hippolyte dut jouer sans faire une seule faute le menuet de Fischer sur le flageolet, et même il eut l'hon- neur, ce jour-là, de souffler et de cracher dans le flageolet d'ébène de Deschartres.

Esmangan]. Un grave antiquaire du Berry s'est donné la peine de composer un ouvrage sur l'étyraologie du mot évaline. Il n'a pas osé se risquer pour le cob. Cela devenait sans doute trop ardu et trop sérieux.

II. M