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388 HISTOIRE DE MA VIE

aucun résultat d'agrément pour les autres, elles ont du moins été pour moi-même une source de pures et inalté- rables jouissances, et m'étant inculquées dans l'âge où l'in- telligence est fraîche et facile, elles ne m'ont causé ni peine ni dégoût.

J'en excepte pourtant la danse, que M. Gogault me rendait ridicule, et le grand art de la calligraphie, que M. Lubin me rendait odieux. Lorsque l'abbé d'Andrezel venait voir ma grand'mère, il entrait quelquefois dans la chambre oià nous prenions nos leçons, et à la vue de M. Lubin, il s'é- criait: « Salut à M. le professeur de belles-lettres! » titre que M. Lubin, soit qu'il comprît ou non le calembour, acceptait fort gravement. « Ah ! grand Dieu, disait ensuite l'abbé, si on enseignait les véritables belles-lettres à l'aide de carcans, de camisoles de force et d'anneaux en fer, sui- vant la méthode Lubin, combien de littérateurs nous aurions de moins, mais combien de pédants de plus ! »

Nous occupions alors un très-joli appartement rue Thi- roux, n» 8. C'était un entre-sol assez élevé pour un entre- sol, et vaste pour un appartement de Paris.

11 y avait, comme dans la rue des Mathurins, un beau salon oiî l'on n'entrait jamais. La salle à manger donnait sur la rue. Mon piano était entre les deux fenêtres. Mais le bruit des voitures, les cris de Paris, bien plus fréquents et plus varies à cette époque qu'ils ne le sont aujourd'hui, les orgues de Barbarie et le passage des visiteurs me déran- geaient tellement, que je n'étudiais avec aucun plaisir et seulement pour l'acquit de ma conscience.

La chambre à coucher, qui était réellement le salon de ma grand'mère, donnait sur une cour terminée par un jardin et un grand pavillon dans le goût de l'Em- pire, où demeurait, je crois, un ex-fournisseur des armées. 11 nous permettait d'aller courir dans son jardin, qui n'était en réaUlé qu'un fond de cour planté et sablé, mais