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HISTOIRE DE MA VIE 29

montant un chapeau. Elle est sage et laborieuse, voilà la vérité.

Adieu, ma bonne mère. Un chagrin n'arrive jamais seul- Il est donc certain que ma bonne te quitte, et qu'elle met un peu d'amertume dans ses rapports avec toi ! Que les choses humaines finissent donc tristement ! Ce qui me con- sole, c'est qu'elle te tyrannisait un peu et que tu vas être plus libre. Elle, de son côté, qui aime à commander, com- mandera-t-elle à ses parents ? je doute qu'ils soient aussi accommodants que toi. Enfin elle ne nous quitte pas les mains vides, et si elle sait être heureuse, il ne tiendra qu'à elle. — Je t'embrasse de toute mon âme.

LETTRE IV

CharleTille, 29 vendémiaire an XI (octobre 1802).

Ne sois point inquiète, je n'ai pas eu besoin d'employer les recettes de Medicus sum Deschartres; ce qui était à vif est cicatrisé. Il n'y a que la contusion de la crête du tibia qui est toujours douloureuse et enflée, mais à cela près je marche très-bien.

Et puis à quelque chose malheur est bon ; comme je ne puis ni m'habiller ni mettre de bottes, je suis dispensé de courir comme un étourneau avec Dupont. Je me repose de cet odieux rôle de complaisant qu'il qualifie d'activité mi- litaire et qui n'est rien moins que cela; je passe mes jour- nées dans ma chambre, en pantoufles; je lis, j'écris, jo jouaille du violon, je me plonge dans une mélancolie qui est, tu le sais bien, le fond de mon caractère, malgré mon extérieur jovial. La seule chose militaire que je fasse, c'est de tirer par ma fenêtre des coups de fusil dans une portp. Le soir je relis, je récris et je refume. Decouchv, homme H. «.