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HISTOIRE DE MA VIK 379

dont j'avais vl'cu auprès d'elle, presque sans interruption depuis ce temps-là. Elle me fit comprendre que Caroline avait besoin d'elle, que nous serions bientôt réunies à Paris, qu'elle vieiicirail encore à Nohant l'année suivante, je me soumis.

Ces deux mois se passèrent sans encombre ; je m'habi- tuais aux manière') imposantes de ma bonne maman, j'étais devenue assez raisonnable pour obéir sans effort et elle s'était, de son côté, un peu relâchée envers moi de ses exigences de bonne tenue.

A la campagne elle était moins frappée des inconvénients de mon laisser-aller. C'est à Paris qu'en me comparant aux petites poupées du beau monde, elle s'effrayait de mon franc ])arler et de mes allures de paysanne. Alors re- commençait la petite persécution qui me profitait si peu.

Nous quittâmes Nohant, ainsi qu'on me l'avait promis, aux premiers froids. Il fut décidé qu'on mettrait Hippolyte en pension à Paris pour le dégrossir de ses manières rus- tiques. Doschartres s'offrit à l'y conduire, à faire choix de l'établissement destiné au bonheur de posséder un élève si gentil, et à l'y installer. On lui fit donc un trousseau, et comme il devait aller prendre avec Deschartres la dili- geance à Châteauroux, il fut convenu que nous traverse- rions laBrande ensemble, nous dans la voiture conduite par Saint-Jean et les deux vieux chevaux, Hippolyte et Des- chartres à cheval sur les paisibles juments de la ferme. Mais quelques jours avant de partir on s'avisa que pour faire cette partie d'équitation il lui fallait des bottes, car la culotte courte et les bas blancs de première communion n'étaient plus de saison.

Une paire de bottes ! c'était depuis longtemps le rêve, l'ambition, l'idéal, le tourment du gros garçon. Il avait es- sayé de s'en faire avec de vi(Mlles tiges à Deschartres ei un grand moroeau de cuir qu'il avait trouvé dans la re-