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26 HISTOIRE DE MA VIE

bons amis. Nous avons passé en revue Durosnel et son ré- giment à Saint-Miliiel, j'ai été enchanté de le revoir, et de l'accueil qu'il m'a fait. Tu sais que j'ai toujours dit que Durosnel était le meilleur dans le temps de Cologne. Nous avons fait crever de rire Dupont et les aides de camp avec nos vieilles histoires, et Durosnel a eu l'amabilité de placer dans tous ces récits comiques quelque trait sérieux à ma louange. Nous l'avons quitLé pour aller voir le 17^ àCommercy; de là nous nous rendîmes à Bar-sur-Ornain, où nous eûmes un choc avec MM. les Turcs. Sa Hautesse l'ambassadeur de la Sublime Porle était arrivée à la poste avec toute sa tur- querie dans dix voitures, et avait pris tous les chevaux. Mais comme ils s'étaient arrêtés depuis trois heures pour faire leurs ablutions, notre courrier arriva tout au beau milieu de la prière et prit six chevaux pour nous, sans s'inquiéter des Turcs : représentations de leur part, entête' ment de la sienne, entremise de l'interprète, arrivée du général, vacarme dans la maison et dans les écuries. Nous voulons déjeuner, les Turcs mangent tout ; ils ont mis la broche, nous nous en emparons. L'ambassadeur et le général ont une entrevue digne du Bourgeois gentilhomme, et pendant qu'ils se compHmentent, qu'ils se souhaitent la prudence des lions et la force des serpents, nos chevaux sont attelés. On se sépare sans s'être compris de part ni d'autre, et fouette postillon ! Les Turcs stupéfaits ont eu une partie de leur déjeuner et six chevaux de moins. Le lende- main revue du 16'^He cavalerie, dînerdonné par les officiers, bal le soir. Le jour suivant, chasse aux loups: on en tue deux, on fait halte, et tout fallait bien jusque-là, lorsqu'un événement qui faillit être moins comique que celui de Bar- sur-Ornain termina la partie. La lialte finie, on s'emballe pour" arriver à la comûdie de Châlons : Dupont monte dans sa voi- ture avecle préfet et deux ou trois autres figures municipales, moi, je monte dans une grande calèche avecle colonel M***,