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HISTOIRE DE MA VIE 25

Mon Dieu, que l'idée de Miémié m'afflige ! Je ne peux pas me persuader cela. Parle-lui de moi, je t'en prie ' !

Et Auguste qui est nommé receveur de la ville de Paris Je lui en ai fait mon compliment.

LETTRE II

Charleville, 19 vendémiaire.

Depuis quinze jours nous sommes en tournée, nous ve- nons de voir toute la division, qui est superbe. J'ai re- trouvé, dans presque tous les c:)rps, des officiers avec les- quels j'ai fait la guerre en Suisse et en Italie. Nous nous sommes revus avec un plaisir extrême de part et d'autre. A Verdun, j'ai fait connaissance avec le i^^ de chasseurs. 11 n'y a sortes de choses aimables, que ne m'ait dites le colonel sur son regret de ne point m'avoir au régiment. J'ai témoigné à tous ces messieurs le cihagrin que j'éprouvais de ne plus compter parmi eux, et je leur ai demandé de compter au moins dans leurs cœurs pour quelque chose. On m'a répondu qu'il suffisait de me connaître pour m'aimcr et ne jamais m'oubUer. J'ai l'air de me vanter en rappor- tant ces réponses, mais il n'y a que loi, ma bonne mère, avec qui j'en tiendrai note, parce que je sais que tu es plus sensible à cela qu'à tous les exploits; crois bien pourtiuil qu'entre militaires la bravourj est indispensable à l'amitié qu'on inspire. C'est donc une manière habile que j'emploie pour te prouver que je dois aimer la guerre et la gloire.

On a dîné ensemble, donné un bal, et l'on s'est séparé

1. Miémié, c'est-à-dire mademoiselle Roumier, c'était celte vieille bonne quil aimait tant. A peine eut-elle reçu son gage arriéré, qu'elle voululaller vivre dans sa famille; malgré des regrets réci- proques, elle effectua cette résolution.

u. 1