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326 HISTOIRE DE MA VIE

Comme je ne peux pas ordonner mes souvenirs avec e:?actitude, j'ai mis ensemble beaucoup de personnes et de détails qui ne datent peut-être pas spécialement dans nit» mémoire de ce premier séjour à Paris avec ma grand'nière ; mais comme les habitudes et l'entourage de celle-ci ne changèrent pas, et que chaque sf jour à Paris amena les mêmes circonstances et les mêmes visages autour de moi, je n'aurai plus à les décrire quand je poursuivrai mon récit.

Je parlerai donc ici de la famille Villeneuve, dont il a été si souvent question dans les lettres de mon père.

J'ai déjà dit que M. Dupin de Francueil, mon grand-père, ayant été marié deux fois, avait eu de sa première femme une fille qui se trouvait être par c jnséquent sœur de mon père et beaucoup plus âgée que lui. Elle avait été mariée à M. Valet de Villeneuve, financier, et ses deux fils, René et Auguste, étaient par conséquent les neveux de mon père, bien que l'oncle et les neveux fussent à peu près du même âge.

Quant à moi, je suis leur cousine, et leurs enfants sont mes neveux et nièces à la mode de Bretagne, bien que je sois la plus jeune de cette génération. Ce renversement de l'âge qui convient ordinairement au degré ascendant de la parenté faisait toujours un eftet bizarre pour les personnes qui n'étaient pas au courant de la filiation. A présent quelques années de différence ne s'aperçoivent plus, mais quand j'étais un petit enfant et que de grands gnrçons et de grandes demoiselles m'appelaient ma tante, on croyait toujours que c'était un jeu. Par plaisanterie, mes cousins habitués à appeler mon {lère leur oncle, m'appelaient leur grand'tante, et mon nom prêtint à cet amusement, toute la famille, vieux et jeunes, grands et petits, m'appelaient ma tante Aurore.