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HISTOIRE DE MA VIE 33t

de faire partie de celle des autres. » Je ne sais plus de qui «lie était fille, mais son mari prétendait descendre de Déranger roi d'Italie du temps des Goths ; à cause de cela, sa femme et lui se croyaient des être supérieurs dans la création,

Et comme du fumier regardaient tout le monde.

lis avaient été fort riches et l'étaient encore assez, quoi» qu'ils se prétendissent ruinés par l'infâme Révolution. Madame de Déranger ne montrait pas ses bras, mais elle avait encore pour sa taille une prétention extraordinaire. KUe portait des corsets si serrés qu'il fallait deux femmes do chambre pour la sangler en lui mettant leurs genoux dans la cambrure du dos. Si elle avait été belle comme on le disait, il n'y paraissait guère, surtout avec la coiffure qu'elle portait et qui consistait en une petite perruque blonde frisée à l'enfant ou à la Titus sur toute la tête. Rien n'était si laid et si ridicule que de voir une vieille femme avec ce simulacre de tête nue et de cheveux courts, blondins et fri- sotés ; d'autant plus pour madame de Déranger qu'elle était fort brune et qu'elle avait de grands traits. Le soir, le sang lui montait à la tête et elle ne pouvait supporter la chaleur de sa perruque; elle l'ôtait pour jouer aux cartes avec ma grand'mère, et elle restait en serre-tête noir, ce qui lui donnait l'air d'un vieux curé ; mais si l'on annonçait quelque visite, elle se hâtait de chercher sa perruque, qui souvent était par terre, ou dans sa poche, ou sur son fau- teuil, elle assise dessus. On juge quels plis étranges avaient pris toutes ces mèches de petits cheveux frisés, et comme, dans sa précipitation, il lui arrivait souvent de la mettre à l'envers, ou sens devant derrière, elle offrait une suite de caricatures à travers lesquelles il m'était bien difficile de retrouver la beauté d'autrefois.

Madame de Troussebois, madame de Jasscau et les autres