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HISTOIRE DE MA VIE 307

et la consoler, car elle s'était attendue à la trouver timide et effrayée, ou bcudeuse, et à soutenir une scène de larmes ou de reproches ; mais voyant qu'il n'y avait rien de ce qu'elle avait prévu, elle éprouva, je crois, un peu d'éton- nement et de malaise, car je remarquai qu'elle prenait beaucoup de tabac, prise sur prise.

Ma nière arriva au bout d'un instant. Elle m'embrassa [assionnémenl et .-alua ma grand'mère avec unregaid sec el enflammé. Celle-ci vit bien qu'il fallait aller au-devant de l'or.ige. « Ma fille, dit-elle, avec beaucoup de calme cL de dignité, sans doute quand vous avez envoyé Caroline cIk'z 11101, vous aviez mal compris mes intentions à l'ég.ird des relations qui doivent exister entre elle et Aurore. Je n'ai jamais eu la pensée de contrarier ma petite-fille dans S3S affections. Je ne m'opposerai jamais à ce qu'elle vienne voLis voir et à ce qu'elle voie Caroline chez vous. Faisons donc en sorte, ma fille, qu'il n'y ait plus de malentendu à cet égard. »

Il était impossible de s'en tirer plus sagement et avec plus d'adresse et de justice. Elle n'avait pas été toujours aussi équitable dans cette affaire. 11 est bien certain qu'elle n'avait pas voulu consentir dans le principe, à ce que je visse Caroline, même chez ma mère, et que ma mère avait été forcée de s'engager à ne me point amener chez elle dans nos promenades, engagement qu'elle avait fidèlement ob- servé. Il est bien certain aussi qu'en voyant dans mon cœur plus de mémoire el d'attachement qu'elle ne pensait, ma bonne maman avait renoncé à une résolution impossible et mauvaise. Mais cette concession faite, elle conservait son droit de ne pis admettre chez elle une personne dont la présence lui était désagréable. Son explication adroite et nette coupait court à toute récrinnnation, ma mère le sentit e! son courroux tomba. « A la bonne heure, maman, » dit- elle' et lies parlèrent à de«sein d'autre chose. Ma mère