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HISTOIRE DE MA VIE 281

la glaise avec son fardeau. Aujftiird liui une route superbe bordée de beaux arbres non ■; y ni'^n « en un quart d'heure Mais le château me faisait up.e bien plus vive impression alors qu'il fallait plus de peine pour y arriver.

Enfin les arrangements de famille furent terminés, et ma mère signa l'engagement de me laisser à ma grand'- mère, qui voulait absolument se charger de mon éduca- cation. J'avais montré une si vive répugnance pour cette convention, qu'on ne m'en parla plus du moment qu'elle fut adoptée. On s'entendit pour me détacher peu à peu de ma mère, sans que je pusse m'en apercevoir; et, pour commencer, elle partit seule pour Paris, impatiente qu'elle était de revoir Caroline.

Comme je devais aller à Paris quinze jours après avec ma grand'mère, et que je voyais même déjà préparer la voi- lure et faire les paquets, je n'eus pas trop d'effroi ni de cha- grin. On me disait qu'à Paris je demeurerais tout près de ma petite maman et que je la verrais tous les jours. Pour- tant j'éprouvai une sorte de terreur quand je me trouvai sans elle dans cette maison, qui commença à me paraître grande comme dans les premiers jours que j'y avais passés. Il me fallut aussi me séparer de ma bonne, que j'aimais tendrement et qui allait se marier. Celait une paysanne que ma mère avait prise en remplacement de l'Espagnole Cécilia après la mort de mon père. Cette excellente femme vit toujours et vient me voir souvent pour m'apporler des fruits de son cormier, arbre assez rare dans notre pays et qui y atteint pourtant des proportions énormes. Le cormier de Ca therine fait son orgueil et sa gloire, et elle en parle comme ferait le gardien cicérone d'un monument splendide. Elle a eu une nombreuse famille et des malheurs par conséquent. J'ai eu souvent l'occasion de lui rendre service. C'est un bonheur que de pouvoir assister la vieillesse de l'être qui a soigné notre enfance. Il n'y avait rien de plus doux et de