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XVI

Madame de Genlis. — Les Battuécas. — Les rois et les reines des contes de fées. — L'écran vert. — La grotte et la cascade. — Le viens châ- teau. — Première séparation d'avec ma mère. — Catherine. — Effroi que me causaient l'âge et l'air imposant de ma grand'mère.

Ma petite cervelle était toujours pleine de poésie et mes lectures me tenaient en haleine sous ce rapport. Berquin, ce vieux ami des enfants qu'on a, je crois, trop vanté, ne me passionna jamais. Quelquefois ma mère nous lisait tout haut des fragments de roman de madame de Genlis, cette bonne dame qu'on a trop oubliée, et qui avait un talent réel. Qu'importe aujourd'hui ses préjugés, sa demi-morale souvent fausse et son caractère personnel qui ne semble pas avoir eu de parti pris entre l'ancien monde et le nou- veau? Relativement au cadre qui a pesé sur elle, elle a peint aussi largement que possible. Son véritable naturel a dû être excellent, et il y a certain roman d'elle qui ouvre vers l'avenir des perspectives très-larges. Son ima- gination est restée fraîche sous les glaces de l'âge, et dans les détails elle est véritablement artiste et poêle.

11 existe d'elle un roman publié sous la Restauration, un des derniers, je crois, qu'elle ait écrit, et dont je n'ai jamais entendu parler depuis cette époque. J'avais seize ou dix-sept ans quand je le lus, et je ne saurais Jire s'il eut du succès. Je ne me le rappelle pas bien, mais il m'a vivement impressionnée et il a produit son effet sur touie ma vie. Ce roman est intitulé les Battuécasj et il est émi-