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248 HISTOIRE DE MA VIE

choses qui ne sont pas justes et que dans un instant je se- rai désolée d'avoir dites. »

Cela est arrivé bien souvent à propos de moi ; si elle croyait avoir à s'en plaindre, elle éclatait en reproches terribles, et j'ose Je dire fort peu mérités. Pierrot ou quelque autre voulait-il qu'elle eût raison : « Vous en avez menti, s'é- criait-elle, ma fille est excellente, je ne connais rien de meilleur qu'elle, et vous aurez beau faire, je l'aimerai plus que vous. »

Elle était rusée comme un renard et tout à coup naïve comme un enfant. Elle mentait sans le savoir de la meil- leure foi du monde. Son imagination et l'ardeur de son sang l'emportant toujours, elle vous accusait des plus in- croyables méfaits, et puis tout à coup s'arrêtait et disait : « Mais ce n'est pas vrai, ce que je dis là; non, il n'y a pa? un mot de vrai, je l'ai rêvé ! »