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n^ HISTOIRE DE MA VIE

graine de tournesol, dont je me contentais sans répugnance: quelle nourrilure d'ailleurs pour une fennne qui allailait son nouveau-né!

Nous traverjâmes un camp français, je ne sais où, et, à l'entrée d'une tente, nous vîmes un groupe de soldats qui mangeaient la soupe avec un grand appétit; ma mère me poussa au milieu d'tux en les piiani de me laisser manger à leur gamelle. Ces braves gens me mirent aussitôt à mê- me et me firent manger à discrétion en souriant d'un air attendri. Cette soupe me parut excellente, et quand elL fut à moitié dégustée, un soldat dit à ma mère avec quelque lié^itaiion : « Nous vous engagerions bien à en manger aussi, mais vous ne pourriez peut-être pas, parce que le goût est un peu fort. » Ma mère approcha et regarda la gamelle. Il y avait du pain et du bouillon très-gras, mais certaines mèches noircies surnageaient, c'était une soupe faite avec des bouts de chandelle.

Je me souviens de Burgos et d'une ville (celle-là ou une autre) où les aventures du Citid était peinles à fresque sur les murailles. Je me souviens aussi d'une superbe cathé- drale où les hommes du peuple avaient un genou en terre jour prier, le chapeau sur l'autre geuou, et un petit paillas- son rond sous celui qui touchait le sol. Enfin je me sou- viens de "Victoria et d'une servante dont les longs cheveux noirs inondés de vermine flollaient sur son dos. J'eus un ou deux jours de bien-être à la frontière d'Esp:igne , le temps était rafraîchi, la fièvre et la misère avaient cessé. Mon père était décidément avec nous. Nous avions repris possession de notre calèche pour faire le reste du voyage, les auberges étaient propres , il y avait des lits et toutes sortes d'aliments dont nous avions apparemment été pri- vés assez longtemps, car ils me parurent tout nouveaux, enlrf autres des gâteaux et des fromages. Ma mère me fit une toilette à Fontarabie, et j'éprouvai un soulagement ex-