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XIÎl

La reine d'Étrurie. — Madrid. — Le palais de GocJoy. — Le lapin hlanc. — Les jouets des Infants. — Le prince Fanfarinet. — Je passe aide de camp de Murât. — Sa maladie. — Le faon de biene. — AVeber — Pre- mière solitude. — Les mameluks. — Les orblutes. — L'écho. — Nais- sance de mon frère. — On s'aperçoit qu'il est aveugle. — Nous quittons lladrid.

Mais je fus distraite par un nouvel événement. Une grande voiture, suivie de deux ou trois autres, venait d'entrer dans la cour, et on changeait de chevaux avec une précipitation extraordinaire. Les gens du village essayaient d'entrer dans la cour en criant : La reina, la reina l Mais l'hôte et d'autres personnes les repoussaient en disant : « Non, non, ce n'est pas la reine. » On relaya si vite que ma mère, qui était à la fenêtre, n'eut pas le temps de des- cendre pour s'assurer de ce que c'était. D'ailleurs on ne laissait pas approcher des voitures, et les maîtres de l'hô- tellerie paraissaient être dans la confidence, car ils assuraient aux gens du dehors que ce n'était pas la reine, et pour- tant une femme de la maison me porta tout auprès de la principale voiture en me disant : « Voyez la reine I »

Ce fut pour moi une assez vive émotion, car il y avait toujours des rois et des reines dans mes romans, et je me représentais des êtres d'une beauté, d'un éclat et d'un luxe extraordinaires. Or la pauvre reine que je voyais là était vêtue d'une petite robe blanche très-étriquée, à la mode du temps, et très-jaunie par la poussière. Sa fille, qui me parut avoir huit ou dix ans, était vêtue comme elle, et