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148 HISTOIRE DE MA VIE

» trevue de Mantoue. Elle fut des deux parts trcs-affec- » tueuse, mais elle devait nécessairement ramener la ques- « tion qui avait causé la rupture. Napoléon fit les offres les » plus brillantes pour obtenir un divorce. Le trône de Na- » pies on de Portugal pour Lucien, le mariage de sa fdlô » aînée avec le prince des Asturies, le duché de Parme » pour sa femme, rien ne put ébranler Lucien : fidèle à » ses affections, il préféra le bonheur domestique aux bril- » lantes déceptions du trône. Napoléon fut inflexible dans » sa politique, Lucien opiniâtre dans ses devoirs. Ils se » séparèrent, attendris tous deux, mais sans se faire de » concessions.

» L'empereur revint le 15 à Milan, en partit le 24, et » arrivant au coucher du soleil à Alexandrie, il vit toute » la plaine de Marengo éclairée par des flambeaux allu- » mes sur son passage. Après avoir visité les iînmenses » travaux de fortifications qui faisaient d'Alexandrie la » place la plus forte de l'Europe, il se dirigea rapidement » vers le mont Cenis, qu'il gagna le 29, et fut de retour » aux Tuileries le 1" janvier 1808. Toutes ses pensées se » tournèrent alors vers l'Espagne <. »

Voici les deux avant-dernières lettres de mon père qui soient entre mes mains. Elles sont contemporaines de cet épisode de la vie impériale.

Venise, 29 septembre 1807.

Après avoir affronté tous les précipices de la Savoie et du mont Cenis, j'ai été culbuté dans un fossé bourbeux du Piémont, par la nuit la plus noire et la plus détestable, et de plus au milieu d'un bois, coupe-gorge fameux, où la veille on avait assassiné et volé un marchand de Turin. Le sabre d'une main et le pistolet de l'autre, nous avons

1. Histoire de Napoléon, par M. Elias Regnault.