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146 HISTOIRE DE MA VIE

l'infanterie de la jeune garde, que Napolt^on avait fait avan- cer rapidement sous le commandement du général Savary, soutinrent jusqu'au soir cette lutte inégale, dans laquelle trente mille Français combattaient à découvert contre qua- tre-vingt-dix mille Russes abrités par de forts retranche- ments. Le général Benningsen ne jugea pas convenable^ après cette tentative, d'attendre une attaque générale de toute l'armée française; il ordonna la retraite.

Napoléon persista dans son dessein de suivre pas à pas l'armée ennemie, afin d'attendre une occasion favorable d'attaquer, et, pendant ce temps, de faire couper la re- traite sur Kœnigsberg, dernier asile du roi de Prusse, tt qui renfermait tous les magasins des armées ennemies.

Ce fut Murât qui fut chargé de ce soin avec une partie de sa cavalerie. Napoléon le fit appuyer par les corps de:> maréchaux Soult et Davoust, formant l'aile gauche de l'armée. Soult arriva jusque sous les murs de Kœnigsberg; Murât et Davoust durent se rapprocher de Friedland, pour écraser les Russes par un dernier effort dans le cas où la bataille eût duré plus d'un jour; mais leur concours fut inutile. L'armée russe, acculée dans le coude formé par la rivière l'Aile, en avant de Friedland, fut enveloppée, cou- pée, refoulée dans la rivière, et presque entièrement dé- truite. Ce fut le dernier acte de la campagne de 1807.

Au mois de juin de la même année, mon père accompa- gna Murât, qui lui-même accompagnait Napoléon k la fa- meuse conférence du radeau de Tilsiit. De retour en France au mois de juillet, mon père ne tarda pas à repartir pour l'Italie avec Murât et l'empereur, qui allait là faire des rois et des princes nouveaux. « Ses malheureuses préoccupa- » lions dynastiques allaient altérer la grandeur de ses coni • » binaisons. il ne changeait rien assurément à son sys-