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HISTOIRE DE MA VIE i45

» pendant une journée, et tellement ébloui sa vue, si » habituée pourtant aux grandes armées, qu'écrivant, une » heure après, à ses ministres, il n'avait pu s'empêcher de » leur vanter le beau spectacle qui venait de frapper ses » yeux dans les plaines d'Elbing. »

Le général Benningsen, commandant l'armée russe, qui n'avait pas quitté ses cantonnements de Kœnigsberg depuis la démonstration faite par les corps de Soult et Bernadotte, se décida à prendre l'initiative du mouvement. Le 5 juin 1807, l'armée russe attaqua assez vivement le corps du maréchal Ney, qui se trouvait au sommet de l'angle dé- crit par l'Aile et la Passarge, sur les rives desquelles était campée l'armée française, et la força de battre en retraite devant des forces très-supérieures. Mais l'empereur avait prévu cette éventualité, et Saalfeld, situé un peu en arrière du corps de Ney et au centre de l'angle formé par les cantonnements, avait été indiqué comme premier point de concentration en cas d'attaque. Aux premiers coups de ca- non tous les corps s'étaient mis en marche pour prendre leur position autour de Saalfeld.

Benningsen s'aperçut des dispositions formidables de l'armée française, et, s'arrêtant tout à coup devant le corps de Ney qui reculait en bon ordre, cédant le terrain pas à pas, il passa de l'offensive à la défensive et se retrancha à Heilsberg. L'empereur l'y suivit, le prince Murât et le ma- réchal Soult arrivèrent les premiers devant les redoutes en- nemies et engagèrent l'action avant l'arrivée de Napoléon et du reste de l'armée. Les divisions Carra-Saint-Cyr et Saint-Hilaire, du corps du maréchal Soult, résistèrent bra- vement au feu terrible des redoutes, et permirent à la ca- valerie de Murât, harassée de fatigue et un moment ébran- lée par le choc des vingt-cinq escadrons du général Uwarow, de se reformer et de reprendre l'avantage. Ces braves» se- condés par la troisième division du maréchal Soult et par