UO HISTOIRE DE MA VIE
ne comprendraient pas l'excès de mon amour. Ceux qui le connaissent le comprendraient plus que je ne veux.
Parle de moi à nos enfants. Je suis forcé de courir au fourrage. Pas un moment, même pour goûter cette demi- consolalion de l'écrire ! Je t'aime comme un fou. Aime-moi si tu veux que je supporte la vie.
Après l'affaire de la Passarge, mon père fut fait chef d'escadron, et, le 4 avril 1807, Murât se l'atttacha en qua- lité d'aide de camp. Deschartres m'a raconté que ce fut à la recommandation de l'empereur, qui, l'ayant remarqué, dit au prince: « Voilà un beau et brave jeune homme, c'est comme cela qu'il vous faut des aides de camp. » Mon père s'attendait si peu à cette faveur, qu'il faillit la refuser en voyant qu'elle allait l'assujettir davantage et créer un nou- vel obstacle au repos absolu qu'il rêvait au sein de sa fa- mille. Ma mère lui sut assez mauvais gré de ce qu'elle appe- la son ambition, et il eut à s'en justifier, ainsi qu'on le verra dans la lettre suivante.
Rosemberg, 10 mai 1807, au quartier général du grand-duc de Berg.
Après avoir parcouru pendant trois semaines comme un dératé et donné au prince un assez joli échantillon de mon savoir-faire dans la partie des missions, j'arrive ici et j'y trouve deux lettres de toi, du 23 mars et du 8 avril. La première me tue; il me semble que tu ne m'aunes déjà plus quand tu m'annonces que tu vas l'efforcer de m'ahner un peu moim. Heureusement je décacheté la .seconde, et je vois bien que c'est à force de ni'aimer que tu me fais tout ce mal. ma chère femme, ma Sophie, tu as pu les écrire ces mots cruels, m'envoyer à trois cents lieues ce poisori