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138 HISTOIRE DE MA VIE

que temps des appréhensions que le voisinage de l'armée russe pouvait causer dans les cantonnements.

La division Dupont, rattachée au corps de Bernadotte, était restée à trente lieues en arrière d'Eylau et n'avait pu prendre part au combat. Après avoir renfermé les Russes dans Kœnigsberg, la grande armée put prendre ses canton- nements sur la Passarge. Mais Benningsen, enorgueilli de n'avoir pas perdu à Eylau jusqu'au dernier homme, et, suivant son usage, se disant vainqueur, voulut donner à ses vanteries une apparence de vérité ; il sortit de derrière les murailles où il s'était réfugié et eut l'audace de venir se poser en face de Ney. Ce général, mécontent de n'avoir pu prendre part à la bataille d'Eylau, saisit avec empresse- ment cette occasion de prendre une revanche, et reçut vigoureu-sement les corps qui lui furent opposés. Pendant ce temps, la division Dupont s'emparait de Braunsberg sur la Passarge et faisait prisonniers deux mille Prussiens. Fatigué parles obsessions continuelles des Russes, et voulant assu- rer la tranquillité de ses cantonnements pour tout l'hiver, Napoléon fit faire un mouvement en avant aux corps de Bernadotte et de Soult, qu'il avait placés dans une espèce d'embuscade pour le moment de la reprise de la campagne.

Les Russes, s' apercevant que la retraite sur Kœnigsberg pouvait leur être coupée, se retirèrent pour ne plus repa- raître de l'hiver,

DE MON PÈftE A MA MÈRE

7 décembre 1806.

Depuis quinze jours, ma chère femme, je parcours les déserts de la Pologne, à cheval dès cinq heures du matin, et après avoir marché jusqu'à la nuit ne. trouvant que la baraque enfmK^é© d'un pauvrç diable, où je purs à peing