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HISTOIRE DE MA VIE 137

son infanterie en colonne, enlève au pas de course le pont sur la Saale, force les portes de Halle, traverse la ville, et va se ranger en bataille en face de l'armée du duc de Wurtemberg. Le feu de douze mille hommes bien postés accueille les trois régiments dont se compose la petite armée de Dupont. Ses soldats escaladent les hauteurs sous le feu de l'ennemi et le mettent en déroute. Le duc de Wurtem- berg se retira en désordre sur l'Elbe. Cinq mille hommes en avaient vaincu dix-huit mille. Napoléon, accouru sur le champ de bataille, combla de ses éloges les troupes du général Dupont.

Dix jours après, Napoléon entrait à Berlin au milieu de la garde impériale.

Cependant le roi Frédéric-Guillaume ayant refusé l'armis- tice qu'on lui offrait, pour aller se joindre aux Russes, qui marchaient à son secours, l'empereur se décida à entrer en Pologne. Accueillie avec enthousiasme par les Polonais qui commençaient à concevoir un premier espoir sérieux d'af- franchissement, l'armée française prit position autour de Varsovie, dans les premiers jours de décembre.

Napoléon avait l'intention de fixer ses quartiers d'hiver sur les bords de la Vistule, « mais cela ne peut avoir lieu, écrivait-il à Davoust, qu'après avoir repoussé les Russes. » L'armée se porta en effet à la rencontre des Russes, qui furent battus à Pultusk et rejetés au delà de la Narew avec de grandes pertes.

Vers le 23 janvier, les Russes reprirent l'initiative, et, le 30, Napoléon était à la tête de la grande armée. A son approche, le général russe Benningsen se replia sur Eylau, où fut livrée celte sanglante bataille, qui coûta plus de qua- rante mille hommes, et qui honora également les vainqueurs et les vaincus. Si l'ennemi put battre en retraite sans être inquiété par l'armée victorieuse, presque aussi maltraitée. Napoléon eut au moins l'avantage d'être délivré pour quel- II. ».