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HISTOIRE DE MA VIE 133

A forlunn personnelle en combattant avec l'ivresse de la cause. A Vienne, il écrit à sa femme pour exprimer un doute dédaigneux sur la récompense qui l'attend. Chacun sous l'Empire songe à soi; sous la République, c'était à qui s'oublierait.

Quoi qu'il en soit, la disgrâce apparente dont la carrière de mon père semblait être frappée de[iuis le passage du Mincio cessa avec la campagne de I8O0. Il obtint enfin de passer dans la ligne, et fut nonurié capitaine du l*^"" hus- sards le 30 frimaire an XIV (20 décembre I8O0) 1. Il re- vint à Paris, puis nous emmena, ma mère, Caroline et moi, à son régiment, qui était en garnison je ne sais où. Lorsqu'il repartit pour la campagne de 1806, il écrivait à sa femme à Tongres, au dépôt, chez le quartier-maître du régiment. Probablement il fit un voyage à Nohant dans l'in- tervalle, mais je ne retrouve son histoire que dans les quelques lettres qui vont suivre.

On devait prévoir que l'éclatante victoire qui avait clos, à Austerlitz, la campagne de 1803 contre les Autrichiens et les Russes, conserverait à l'Europe une paix si vaillamment disputée, si chèrement acquise, mais il n'en fut rien. La Prusse, qui depuis 1792 s'était tenue à l'écart, allait re- commencer les hostilités contre la France victorieuse. Tout le monde fut surpris en Europe de cette détermination aussi téméraire qu'imprévue du cabinet de Berlin; mais, comme le dit M. Thicrs, les cabinets ont aussi leurs pas- sions , et « ces irritations subites qui , dans la vie » privée, s'emparent quelquefois de deux hommes et leur » mettent le fer à la main, sont tout aussi souvent, plus

1. Il oblinl aussi la croix de la Légion d honneur à celte épo- que.

II. «