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128 HISTOIRE DE MA VIE

ment sur Vienne par la rive droite, avait laissé une mar- che entre elle et la division Dupont. Mortier, surpris de rencontrer les Russes, qu'il croyait devant Vienne, les poussa néanmoins vivement jusqu'à Stein. Cependant , reconnaissant bientôt qu'il avait affaire à toute une armée, il fut obligé de rétrogader sur Diernstein. Mais il trouva ce point occupé par quinze mille Russes qui l'avaient tourné. On recommença dans l'obscurité le combat livré le matin. Ces cinq mille héros étaient entourés de toutes parts par des masses énormes. Il ne vint à personne l'idée de capi- tuler. Quelques officiers conseillèrent à Mortier de s'em- barquer seul et de traverser le fleuve , afin de ne pas laisser à l'ennemi un aussi beau trophée qu'un maréchal de France. « — Non, répondit l'illustre maréchal , on ne 5e sépare pas d'aussi braves gens. On se sauve ou on périt avec eux. » Il était là, 1 epée à la main, combattant à la tête de ses grenadiers. Tout à coup on entend un feu vio- lent sur les derrières de Diernstein. C'est l'infatigable divi- sion Dupont qui, apprenant la fâcheuse position du n\aré- clial, avait doublé son étape pour marcher au feu. Les soldats qui avaient si glorieusement combattu à Haslach sa précipitèrent sur les Russes, et les colonnes se rejoignirent à Diernstein à la lueur du feu. Les cinq mille hommes de la division Gazan, qui avaient résisté tout un jour à trente mille Russes , étaient réduits à deux mille cinq cents. Napoléon envoya les plus éclatantes récompenses aux deux divisions Gazan et Dupont. Après la campagne elles furent établies à Vienne même pour s'y refaire de leurs fatigues et de leurs blessures.