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HISTOIRE DE MA VIE 127

avec quelle ivresse je volerai d;ins tes bras pour ne plus m'en arracher, et te consacrer, ainsi qu'à Aurore , tous mes soins et Ions mes instants! Cetîe idée seule me sou- tient contre l'ennui et le chagrin qui loin de toi m'assiè- gent. Au milieu des horreuis de la gu rre, je me reporte près de toi, et ta douce imrsge me l'ait oublier le vent, !e froid, la pluie et toutes les misères auxquelles nous som- mes livrés. De Ion cô:é, chère amie, pense à moi. Song.; que je t'ai voué l'amour le plus tendre, et que la mort seule [ourra l'éteindre dans mon cœur. Songe que le moindre refroidissement de ta part empoisonnerait le reste de ma vie, et que si j'ai pu te quitter, c'est que le devoir et l'hon- neur m'en faisaient une loi sacrée.

Nous quittons demain Nuremberg à cinq heures du matin pour nous rendre à Ratisbonne, oiî nous arriverons dans trois jours. Le prince Murai commande toujours notre divi>ion.

Après la reddition d'Ulm, Napoléon se dirigea rapidement sur Vienne en suivant la vallée du Danube. Le gros de l'armée marchait par la rive droite du fleuve. Une flottille, portant de l'artillerie et dix mille hommes , descendait parallèlement, prête à venir au secours soit des troupes de la rive droite, soit des divisions Gazan et Dupont, qui occupaient la rive gauche sous le commandement supérieur du général Mortier. A quelques lieues de Yienne, le corps de la rive gauche se trouva tout à coup en présence de l'ennemi : c'était l'armée russe de Kulusof qui , restée en arrière de Mack, à Braunau , et renonçant à couvrir la capitale de l'Autriche, avait passé le Danube à Maulern et allait en Moravie au-devant de la deuxième armée russe. La division Gazan, entraînée par l'élan de Mi'rat, qui, avec l'avant-garde de l'armée principale, s'avançait trop rapide-