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126 HISTOIRE DE .MA VIE

tiires, onze drapeaux, deux cents officiers , sept généraux et le trésor de l'armée autrichienne. Le {rince Ferdinand faillit être pris et gagna la route de Bohême avec deux ou trois mille chevaux.

LETTRE II

DE MON r-ÈRE A MA M EUE

>^iiremb7rg, 29 vendémiaire an XIV.

Nous sommes ici, ma chère femme, depuis hier soir, après avoir poursuivi l'ennemi sans relâche pendant qua- tre jours; nous avons fait toule l'armée autrichienne pri- sonnière , à peine en est-il resié quelques-uns pour porter la nouvelle et l'épouvante au fond de l'Allemagne. Le prince Murât, qui nous commande, est très-content de nous, el doit, demain ou après , demander pour moi la croix à l'empereur, ainsi que pour trois autres officiers de la divi- sion.

Je ne te parlerai pas des fatigues et des dangers de ces dix journées. Ce sont les inconvénients du métier. Que soiit-ils en comparaison des inquiétudes et des chagrins que me cause ton absence! Je ne reçois point de tes nouvelles. On dit même que l'ennemi ayant inquiété con- tinuellement notre gauche, aucune lettre de nous n'a pu passer en France. Juge de mon tourment , de mon an- goisse! Sais-jesi tu n'es pas horriblement inquiète de moi? si tu as reçu l'argent que je t'ai fait passer? f^i mon Au- rore se porte bien ? Être séparé de ce que j'ai de plus cher au monde sans pouvoir en obtenir un seul mot! Sois cou- rageuse, mon amie ! Songe que notre séparation ne peut alléivr mon amour. Quel bo:ihour de nous retrouver pour ne plus nous séparer! Dès que la campagne sera terminée,