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HISTOIRE DE MA VIE 113

» clopédistes et des philosophes, lu ne peux pas trouver » mauvais que nous ayons changé de lois et de mœurs. Je » comprends bien que tu souffres d'entendre parler si légè- » renient de ta mère, mais en quoi cela peut-il atteindre la » vie, qui a toujours été si austère, et ta réputation, qui » e4 si pure? Pour mon compte, cela ne me fâche guère, » qu'on sache dans le public ce qu'on savait déjà de reste » dans le monde sur ma grand'mère maternelle. C'était, je » le vois par les mémoires en que tion, une aimable » femme, douce, sans intrigue, sans ambition, très-sage et » de bonne vie, eu égard à sa position. 11 en a été d'elle » comme de bien d'autres. Les circonstances ont f;iit ses » fautes, et son naturel les a fait accepter en la rendant » aimable et bonne. Voilà l'impression qui me reste de ces » pages dont tu te tourmentes tant, et sois certaine que le » public ne sera pas plus sévère que moi. »

Ici se terminent les lettres de mon père à sa mère. Sans doute il lui en écrivit beaucoup d'autres durant les quatre années qu'il vécut encore et qui amenèrent de fréquentes séparations à la reprise de la guerre. Mais la suite de leur correspondance a disparu, j'ignore pourquoi et comment. Je ne puis donc consulter pour la suite de l'histoire de mon père que ses états de service, quelques lettres écrites à sa femme et les vagues souvenirs de mon enfance.

Ma grand'mère se rendit à Paris dans le courant de ven- tôse avec l'intention de faire rompre le mariage de son fils, espérant même qu'il y consentirait, car jamais elle ne l'avait vu résister à ses larmes. Elle arriva d'abord à Paris à son insu, ne lui ayant pas fixé le jour de son départ et ne l'avertissant pas de son arrivée, comme elle en avait l'habitude. Elle commença par aller trouver M. Desèze, qu'elle consulta sur la validité du mariage. M. Desèze trouva