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no HISTOIRE DE MA VIE

galant homme qui répare envers elle les injustices de la destinée. Tu sais cela mieux que moi, et mes sentiments formés par tes leçons, que j'ai toujours religieusement écoutées, ne sont que le reflet de ton âme. Par quelle incon- cevable fatalité me reproches-tu aujourd'hui d'être l'homme que tu as fait au moral comme au physique ?

Au milieu de tes reproches, ta tendresse perce toujours. Je ne sais qui t'a dit que pendant quelque temps j'avais été dans la misère, et tu t'en inquiètes après coup. Eh bien, il est vrai que j'ai habité un 2)etit grenier l'été dernier, et que mon ménage de poëte et d'amoureux faisait un singulier contraste avec les ch smarrures d'or de mon costume mili- taire. N'accuse personne de ce moment de gêne dont je ne t'ai point parlé et dont je ne me plaindrai jamais. Une dette que je croyais payée et dont l'argent avait passé par des mains infidèles a été la seule cause de ce petit désastre, déjà réparé par mes appointenjents. J'ai maintenant un petit apparlement très-agréable et je ne manque de rien.

Qu'est-ce que me dit donc d'Andrezel, que tu vas peut- être venir à Paris, peut-être vendre Nohant? Je n'y com- prends rien. Ah ! ma bonne mère, viens, et toutes nos peines s'envoleront dans une explication tendre et sincère. Mais ne vends pas Nohant, tu le regretterais.

Adieu, je t'embrasse de toute mon âme, bien triste et bien effrayée de ton mécontentement. Et cependant Dieu m'est témoin que je t'aime et que je mérite ton amour.

Maurice.

Dans une dernière lettre de cette correspondance, mon père entretient assez longuement sa mère d'un incident qui paraissait la tourmenter beaucoup.

On venait de publier les Mémoires posthumes de Mar- Uiontel. Ma grand'mère avait beaucoup connu Marnionlel