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106 HISTOIRE DE MA VIE

prhice. Elle a la tc!c tournée par la nouvelle cour, comme elle l'avait auparavant par le faubourg Sainl-Gcrmain, qui lui a tourné le dos absulument. Un bal, des lumières, des diamants, n'importe où, comment ci pourquoi, c'est toujours h mOme léc^crcté et le même vide dans l'esprit.

« J'ai assisté, il y a trois jours, à une soirée que Beau- mont a donnée au prince Ferdinand, premier aumônier de l'empereur. 11 y avait un concert en règle. La Foret, ma- dame Armand, Laïs, Guénin, Lançay, etc., etc.. et moi! Il y a eu d'excellente musique. Au milieu de tout cela est arrivé un M. de S***, voisin de Beaumont i, homme de soixante- dix ans, possédant autant de mille livres de rente que d'années, exaclement vêtu comme il y a trente ans, se croyant jeune, aimable et spirituel, composant derrière un paravent des quatrains pour tout le monde, les chantant avec une méchante haute-contre fêlée, faisant le joli auprès des femmes. C'est une véritable curiosité que ce petit vieux; et comme on le regarde avec étonnement, il croit tourner toutes les têtes. Il voulait absolument qu'Auguste touchât un concerto de piano, disant qu'avec sa figure il était im- possible qu'il ne fût pas musicien. Il nous avait déjà dé- coché trois quatrains sur l'air des holies d'Espagne, et, par égard pour Beaumont, on s'était contenu. Mais quand il en vint au quatrième, il pria sérieusement mademoiselle Ar- mand de l'accompagner, ce à quoi elle se prêta avec beau-

i. J'ai revu chez mon graiul-onelede Doaumont, douzs ans phis lard, 00 même marquis de S*"*, en tout seiiiL)labh! an portrait qu'en Irai-e mon père, ol lonJ!,nrs vèln eoiiime avant la Révolulion : c'élaii un t^pe. A qnativ-vinyls ans, il était encore IVélillon cl oorpi ,1. Il pivnail des poses et eliercliail ilans les regards si on laisail allenlion à sa jambe. Il avait des habits ù paillettes et faisait encore des quatrains.