HISTOIRE DE MA VIE 105
semble, tous les airs d'une petite bourgeoise enricliie. Il y avait là force parentes de la dame, en robes d'indienne et bonnets à carcasse. — Philippe Ségur et le vicomte travail- leni à frais communs au poëme de mon opéra. La répu- tation des auteurs sera un marchepied pour celle du com- positeur.
On donne maintenant ai/x .>lsso«es une Iragédie bouffonne, faite sérieusement, il y a une vingtaine d'années, par un certain André, perruquier de M. d'Argenlal, et intitulée le Désastre de Lisbonne. Le premier acte se passe à Lisbonne, le deuxicnie à Constantinople. On y voit le Grand Turc dans toute sa magnificence et menaçant de faire mettre à Bicêlre le héros de la pièce.
On cite des vers tels que ceux-ci :
Pour me tuer ici prêt.e-moi ton couteau ;
On t'en rendra un qui sera beaucoup plus beau.
Tout le monde court à celte tragédie, dont le slyle et l'in- trigue sont à pouffer de rire.
Madame Charles de Bérenger a failli mourir. Madame je ne sais plus qui a été se jeter aux genoux du pape pour qu'il dit, une messe à l'intention de la malade. La messe dito, l:i fièvre a cessé, miracle ! 11 en fera bien d'autres. 11 y a quatre jours, le saint-père fut visiter la manufacture de glaces du faubourg Saiiit- Antoine; madame T***, qui est maintenant entretenue par 0**"^, s'est présentée à Sa Sainteté en la priant de lui donner sa bénédiction. Le saint- père l'a non-seulemciit bénie, mais encore un chapelet qu'elle portait, ainsi qu'un enfant de je ne sais quel père. Beaumont, témoin oculaire du fait, dit en riant: «A tout péché miséricorde; madanie T'*'** va peut-être devenir une sainte. » X*** se ruine en habits et en voitures, tout en me prêchant l'économie. Il est éblouissant. Madame se fait courtiser par Caulaincourt (Auguste), grand écuyer du
