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HISTOIRE DE MA VIE 9;'

tant elle n'acceptait pas le mariage et elle était occupée avec" l'anbé d'Andrizcl à chercher les preuves de nullité que t^on déf.int de consonlcm:mt pouvait y apporter. Le mairequiavait fait ce mariage avait été abusé par des témoignages hasar- (1 !'s. Averti p.ir les réclamations de ma grand'mère, qui voa- l.iit avoir une copie régulière des actes, il ne se hâtait pas i!c répondre, elTrayé peut-cire des conséquences de son crr. ur, qui pouvaient re.'omber sur lui ou sur le juge de {■aix. De .^on côté, le maire du cinquième arrondissement, qui n'avait pas de raisons pour s'abstenir, et qui s'était fait communiquer les pièces, répondait du moins avec une réserve très-concevable sur la manière dont les formalités avaient été remplies, et se bornait à donner des détails sur la naissance de ma mère, sur Claude Delaborde, l'oi- selier du quai de la Mégisserie, et sur le grand-père Clo- quart, qui vivait encore et qui portait à cette époque (ce renseignement n'est pas dans la lettre du grave magistrat) un grand habit rouge et un chapeau à trois cornes, son habit de noces du temps de Louis XV, le plus beau sans dou!e qu'il eût jamais possédé et dont il avait fait si long- temps ses dimmclies, qu'il lui fallait enfin l'user par mesure d'économie. A propos de cette origine peu brillante de sa bclle-lille, ma grand'mère écrivit au susdit maire, il la date de 27 frimaire an XIII:

« . . . . Quelque douloureuses que soient pour mon » cœur les informations que vous avez bien voulu prendre, » je n'en suis pas moins reconnaissante de votre préoccu- » [/ation à éclairer ma triste curiosité, La parenté m'afflige » fort pou, mais bien le caractère personnel de la demoi- » selle. Votre silence à son égard, monsieur, m'est une « cerliluae de mon malheur et de celui de mon fih. C'est » sa première faute ! 11 était l'exemple des bons fils et » j'étais citée comme la plus heureuse des mères. Mon » cœur se brise, et c'est en i)leurant que je vous exprime II. «