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92 HISTOIRE DE MA VIE

pour y porter les nippes du procureur et y rattraper les miennes. Nous nous croisons, nous nous cherchons : le maudit procureur me fait faire des pas de clerc; enfin l'échange s'obère à la satisfaction des deux parties, mais après bien du temps el des pas perdus.

Laure et Auguste, René et Apolline m'ont reçu à bras ouverts. J'espère que je ne serai pas forcé d'aller retrouver mes rat-i et mon galetas au Faycl, car le général Suclief, (jui m'a fait l'honneur d'arrêter sa voiture tout exprès pour me parler hier, m'a dit que tous les généraux de division allaient être mandés pour assister à la c.'rémonie du cou ronnement, et que probablement Dupont ne resterait pas dans son exii. Me voilà donc encore ici pour quelques jours, et je te rendrai compte delà fête.

On attend Sa Sainteté demain. Dans la mode***, on ne rêve plus que dentelles, diamants et broderies. Ces graves occupations leur ont tellement fait perdre la mémoire, que comme je disais devant eux que j'en étais à ma cinquième année de lieulenance, ** s'est écrié, comme sortant d'un rêve: « Comment! Maurice, tu n'es pas encore capitaine ? » Celte petite distraction de la part d'une personne avec qui je parle tous les jours depuis six mois de mon guignon, et qui se lait fort auprès de toi de me protéger, tout en m'ac- cusant d'être apathique et de ne pas la seconder dans son zèle, doit te prouver enfin quel fond il faut faire sur les promesses de ceux qui tiennent leur affaire.

Quant à ***, elle se donne avec moi des airs de protec- tion passablement drôles de la part d'une personne qui ne me sert pas du tout. Elle disait hier que si Dupont lui cùl envoyé de bonnes notes sur mon compte, elle m'aurait fait faire mon chemin; mais que je voyais trop manvaisc com- pagnie. La compagnie que je vois vaut bien celle qui l'en- toure. Vitrolles, en me racontant cela, riait aux éclats de celte impeitinence, et la traitait sans façon de péronndle. Va