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Cela est impossible, à ce qu’il semble. Le passé sera toujours l’obstacle de l’avenir, l’avenir sera toujours le rebelle menaçant le passé, et dans leur fatal antagonisme, le présent n’accomplira jamais son évolution historique qu’à travers des déchirements profonds et des luttes désastreuses.

L’histoire le dit ; mais l’histoire enregistre aussi des exceptions splendides, des déviations prodigieuses à cette loi terrible. Elle constate que rien de grand, rien de beau, rien de durable ne s’est accompli dans le monde sans un effort surhumain de la volonté, de la conscience et de la prudence humaines. Là où l’une des trois a fait défaut, le vent d’orage a passé en maître farouche et la nationalité s’est reconstituée avec effort et lenteur sur des ruines, quand elle n’a pas péri.

Fasse le ciel que notre aspiration ne soit pas vaine, et que, sur les débris des autorités criminelles en délire, l’unité politique italienne se constitue sur un sentiment d’unité morale et philosophique !

Fasse le patriotisme, — vertu sublime à laquelle, en de certains paroxysmes, tout doit être sacrifié, — que l’une des forces vives de l’âme italienne n’étouffe pas violemment les deux autres ! S’il en