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clamations napolitaines le déclarent battu et vaincu. Personne n’est dupe, l’histoire parle déjà, et d’avance elle dit : Il est vainqueur.

Est-il possible qu’il succombe ? Non ! Il a tout osé encore une fois : encore une fois, il a tout risqué. Avec une poignée de braves dignes de lui, il va combattre une armée formidable ; le mystère et le prestige l’accompagnent ; un miracle se fait pour qu’il puisse débarquer : l’imagination le cherche avec anxiété dans le labyrinthe des montagnes. La panique est dans le camp ennemi. On fuit avant peut-être de l’avoir aperçu. La terreur est à la cour de Naples. Tout ceci ressemble à un poëme. Cet homme, presque seul, devient l’homme du prodige. Il fait trembler les trônes, il est l’oriflamme de l’ère nouvelle. L’Europe entière a les yeux sur lui et s’éveille chaque matin en demandant où il est et ce qu’il a fait la veille.

C’est qu’il porte en lui la foi des temps héroïques, et, dès lors, les merveilles de la chevalerie reparaissent en plein dix-neuvième siècle. Le monde n’est donc pas mort ? Qui donc disait qu’il était vieux, que rien d’invraisemblable n’était plus possible dans cet âge de raison et de lumière,