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« Le 2 juillet, sur le soir, il était sorti de Rome avec quatre mille fantassins et huit cents cavaliers. Sa femme Anita, jeune Brésilienne qu’il aimait tendrement, l’accompagnait. Elle lui avait déjà donné trois enfants, était enceinte du quatrième et n’en avait pas combattu moins bravement à ses côtés. Ciceruacchio leur servait de guide[1]. Embarrassé de bagages et de munitions, poursuivi par trois colonnes françaises, entouré par les Napolitains au sud, par les Autrichiens dans les Légations et en Toscane, Garibaldi sut passer au milieu d’eux, divisant sa petite colonne pour la dissimuler, faisant les marches et les contre-marches les plus surprenantes. Serré chaque jour de plus près, il n’eut bientôt plus d’asile que la petite république de Saint-Marin. Il s’y jette par des sentiers ardus et inexplorés, à travers des bois fourrés et des torrents impétueux. Là, le 30 juillet, il rendit

  1. On se rappelle peut-être la popularité éphémère du pauvre Angelo Brunetti dit Ciceruacchio. C’était un homme du peuple, fort comme un athlète, bon, sensible, mais vaniteux et adonné au vin, qui, pendant quelques jours, eut le premier rôle dans les événements de Rome. Pie IX semblait alors marcher d’accord avec les réformes jugées par lui nécessaires, et le prolétaire, s’élançant sur sa voiture, agitait au-dessus de la tête du pontife une bannière où étaient écrits ces mots : Saint-Père, fiez-vous au peuple.