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— À Moscou, je ne l’aimais pas, elle me battait trop fort ; mais après, quand nous avons été si malheureuses ensemble, ah ! oui, nous nous aimions ! Et depuis que je l’ai perdue, sans savoir si c’est pour un temps ou pour toujours, je ne fais que penser à elle.

— Tu es une bonne fille. Veux-tu m’embrasser ?

— Non, monsieur, à cause de mon… amant, qui est si jaloux ! Sans lui, je vous réponds bien que ce serait de bon cœur.

Mourzakine, ne voulant pas lui inspirer de méfiance, la laissa partir et recommanda à Mozdar de la conduire jusqu’à la rue, où son frère l’attendait. Quand elle fut sortie, il s’absorba dans l’étude tranquille de l’émotion assez vive qu’il avait éprouvée auprès d’elle. Francia était ce que l’on peut appeler une charmante fille. Coquette dans son ajustement, elle ne l’était pas dans ses manières. Son caractère avait un fonds de droiture qui ne la portait point à vouloir plaire à qui ne lui plaisait pas. Délicatement jolie quoique sans fraîcheur, son enfance avait trop souffert, elle