l’ennemi sans défense. Sais-tu, enfant, ce que c’est qu’un homme d’honneur ?
— Oui, j’ai entendu parler de ça, et ma sœur se souvient que les cosaques tuaient tout. Alors vous commandiez des hommes sans honneur ?
— La guerre est la guerre ; tu ne sais de quoi tu parles. Assez ! ajouta-t-il en voyant que l’enfant allait riposter. Je ne puis te donner de nouvelles de ta mère. Je ne l’ai pas vue parmi les prisonniers. J’ai vu, à la première ville où nous nous sommes arrêtés après la Bérézina, ta sœur blessée d’un coup de lance ; j’ai eu pitié d’elle, je l’ai fait mettre dans la maison que j’occupais, en la recommandant à la propriétaire. J’ai même laissé quelque argent en partant le lendemain, afin que l’on prît soin d’elle. A-t-elle encore besoin de quelque chose ? J’ai déjà offert…
— Non, rien. Elle m’a bien défendu de rien accepter pour elle.
— Mais pour toi ?… dit Mourzakine en portant la main à sa ceinture.
Les yeux du gamin de Paris brillèrent un in-