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et à sa gauche, elle crut qu’elle était morte, et qu’on la portait au cimetière. Elle se résigna, et désira seulement être enterrée auprès de Mourzakine, qu’elle aimait toujours.

Pourtant cette locomotion cadencée et le sentiment d’un air plus pur, qui faisait frissonner la toile autour d’elle, lui causèrent une sorte de bien-être, et durant le trajet elle dormit complètement pour la première fois depuis son crime involontaire.

Elle fut couchée en arrivant, et dormit encore. Le soir, elle put répondre aux questions du docteur sans trop d’égarement, et le remercia de ses bontés : elle le reconnaissait. Elle n’osa pas lui demander s’il était envoyé par Mourzakine ; mais elle se souvint d’une partie des faits accomplis. Elle pensa qu’elle était, par ses ordres, transférée en lieu sûr, à l’abri des poursuites du comte, réunie à son frère, chargé de la protéger. Elle serra faiblement les mains du docteur, et lui dit tout bas comme il la quittait :

— Vous me pardonnez donc de ne pouvoir pas haïr ce Russe ?