l’appeler, et pendant que vous causerez tous deux, j’irai mettre une paillasse pour moi dans le billard. Tu dormiras dans ma chambre sur un matelas ; demain nous verrons à te trouver une mansarde.
Il sortit. Francia resta seule, effrayée, hésitante quelques instants. Il fallait à Moynet le temps d’avertir et de persuader son neveu. Si l’explication eût été immédiate et prompte, Francia eût été sauvée. Attendrie par l’aveugle dévouement d’Antoine, elle eût vaincu sa répugnance, sauf à mourir à la longue dans ce milieu de gêne et de réalisme qui froissait la délicatesse de ses goûts et de son organisation ; mais Antoine, qui s’était fait un devoir d’attendre, ne savait pas veiller : c’était un rude travailleur, chaque soir il tombait de fatigue. Pour ne pas s’endormir, il avait allumé sa pipe et, comme l’atmosphère chaude et visqueuse de la tabagie le narcotisait, il était sorti pour marcher en fumant ; il était assez loin dans la rue. Moynet envoya le garçon à sa recherche. Quand il fut revenu, on s’expliqua ; mais, si vite que Moynet pût résu-