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bien vive dont sa figure épaisse et tannée ne trahit pourtant rien.

— Voyons, parleras-tu ? dit en jurant Moynet à Francia, dès qu’ils furent seuls. Il y a quelque chose de louche dans tout ça ! Je n’ai rien dit ; mais je n’ai pas cru un mot de cette histoire du retour de ta mère, d’autant plus que j’ai su des choses qui ne m’ont pas plu. Pendant que je courais l’autre soir pour faire relâcher ton vaurien de frère, tu sortais malgré ma défense ; tu n’es rentrée qu’au jour, et ce même jour-là tu disparais sans me dire adieu ! Il faut avouer la vérité, entends-tu ? Si tu essayes encore de me tromper, je te méprise et je t’abandonne !

Francia se jeta à ses genoux en sanglotant. La dernière crise de cette cruelle soirée avait dissipé subitement sa migraine ; son cœur était plein d’une indignation énergique contre ces Russes qui avaient tenté de l’avilir. Elle raconta avec une grande netteté et une sincérité absolue l’histoire de ses relations avec Mourzakine. Ce fut avec une énergie égale, mais accentuée de nombreux jurons,