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quitte non plus que son ombre, sifflant les mêmes mots, l’accompagnant au piano, lui refaisant ses boucles toujours déroulées et ne disant pas une parole sans s’écrier :

Oh ! dearest Ann !

Tu les vois d’ici : un médaillon à deux profils collés l’un sur l’autre, la plus petite derrière la moins petite.

Pour le moral, c’est la même chose : je suis sûre que, si Lucy, qui n’a pas quatorze ans, se doute de la passion de sa sœur pour leur cousin, elle se persuade qu’elle doit brûler des mêmes feux.

Je te disais donc que je me trouvai seule avec ces petites, et, pour tuer le temps, je les fis babiller ; j’appris là leur histoire, dont je ne m’étais pas enquise jusqu’à ce jour.

Elles sont orphelines, et leur tutrice n’est pas, comme je me l’imaginais, lady Rosemonde, mais bien une vieille Anglaise qui n’est pas toujours