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Et sa mère, est-elle assez folle aussi, celle-là, de croire qu’il suffit de ta fierté et de ta chasteté pour que son fils soit heureux avec toi !

Ma chère, on te flatte bien assez, je peux te dire tes vérités, puisqu’il est convenu, d’ailleurs, que tu m’aimes un peu plus que la première venue, à cause de ma franchise brutale. Ça te divertit et ça te change comme disent les bonnes femmes. J’espère toujours que cela te changera, toi, réellement ; ou bien, que tu poses un peu cette légèreté et qu’au fond tu te soucies du bonheur et de la vérité tout autant qu’une autre ; plus, peut-être ! qui sait ?

Le ciel serait fort inconséquent s’il donnait à une créature tant de séductions irrésistibles, et qu’il n’eût oublié que le cœur et la raison. Cela ne se peut pas, chère adorable fille !

Tu es bonne, tu es juste et généreuse, n’est-ce pas ? Oui, tu aimeras, et tu mériteras l’amour que tu inspires, le jour où tu le partageras.