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un peu, qui a maintenant vingt-huit ans, une belle position dans la magistrature, un esprit sérieux, un caractère charmant, peu de fortune et beaucoup de cœur.

C’est mieux que je ne méritais, n’est-ce pas, après une jeunesse si dissipée et avec une tête si légère ? Eh bien, je suis de ton avis jusqu’à un certain point ; mon passé ne vaut rien ; mais, depuis six mois, j’ai beaucoup réfléchi, et je te fais la promesse que mon avenir vaudra mieux.

Non, je ne suis plus la même. Je n’ai pas cru devoir te dire, jour par jour, le changement qui se faisait en moi. Tu n’y aurais pas cru tout de suite, tu m’aurais découragée. Tu es moqueuse, et, comme je le suis aussi, ce pauvre moi n’eût pas été pris au sérieux comme il voulait absolument l’être. Le voilà débarrassé de sa gouverne ; l’imagination est calme. Le rêve de l’impossible, ce malheureux et superbe rêve qui m’avait gagnée, s’est évanoui tout doucement.