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l’avoue. Mais pouvais-je me méfier d’un homme qui m’était présenté par mon père comme inaccessible à toute séduction ?

Je fus donc charmante avec lui, pleine de prévenances, et si polie, qu’il fut bien forcé de l’être lui-même ; ce qui, du reste, me parut lui coûter fort peu, du moment qu’il reconnut que je n’étais pas folle, comme il se l’était imaginé. Son embarras ne fut pas de longue durée : c’était de la méfiance plutôt que de la timidité. Quand il vit que je ne me moquais pas de lui, il prit même une certaine aisance qui dénote une distinction naturelle. Je le regardais avec étonnement se transformer de minute en minute. J’étais frappée aussi du changement de sa personne et un peu touchée du soin qu’il avait pris de se faire raser et coiffer par le valet de chambre de mon père avant de se présenter devant moi. Débarrassé de sa longue barbe, il était fort propre : tout en noir, avec des habits trop larges et hors de