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en arrivant. Le voilà un peu mieux, mais je ne suis pas encore tranquille. Le souvenir de son pauvre père et la crainte d’avoir troublé votre ménage l’empêchent de guérir. Et vous, cruelle Rolande, vous ne répondez pas ? Vous me gardez rancune, ou vous haïssez ce malheureux, qui meurt pour vous. Vous lui imputez les mauvais traitements que votre mari vous inflige peut-être ! Peut-être encore que M. de Flamarande intercepte nos lettres. Les miennes pourtant vous justifient avec une sincérité de premier mouvement qu’il ne peut pas méconnaître. De grâce, si vous le pouvez, écrivez-moi une seule ligne, un seul mot : Je pardonne ! Il ne le demande, ni ne l’espère ; mais, si je pouvais le lui montrer, je suis sûre que je lui rendrais la vie. Ne soyez pas prude, ma chère Rolande. J’espère bien que vous ne vous reverrez jamais et qu’il vous oubliera ; mais aidez-moi à le sauver. Dieu vous en tiendra compte. »

Cette lettre fut encore serrée dans un coffre à part sans être remise à madame de Flamarande. M. le comte prétendit que la baronne, avec son esprit romanesque et son amour extravagant, travaillait à perdre entièrement la comtesse. Je n’étais pas convaincu par lui ; il me permettait de discuter et de lui dire tout ce qui me semblait être à la décharge de l’accusée ; mais à toutes mes allégations il avait une réponse obstinée :