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courant, je vous ferai plaisir en vous apprenant que les dernières nouvelles de votre ami sont bonnes. On espère le sauver.

M. le comte pâlit et répondit :

— Je vous en félicite !

L’étonnement de madame fut si sincère que j’en fus frappé, et mon regard suppliant engagea M. le comte à expliquer sa réponse aussi adroitement que possible.

Madame reprit sa tranquillité et lui dit :

— S’il est vrai, comme on le prétend, que M. de Salcède a été blessé en duel, je m’étonne qu’il ne vous ait pas pris pour témoin, et que vous n’appreniez qu’aujourd’hui ce qui le concerne.

M. le comte la regarda bien en face, puis il dit :

— C’est moi qui ai frappé Salcède, parce qu’il se conduisait comme un enfant. Il compromettait une personne que j’avais le devoir de faire respecter.

— Et cette personne, reprit la comtesse, qui soutenait son regard avec l’immobilité du marbre, cette personne, c’est… ?

— C’est madame de Montesparre.

— Comment ! vous vous êtes battu pour la baronne, vous ?

— Je l’aime médiocrement, j’en conviens. Je la tiens pour une folle, mais elle est votre amie et n’avait pas d’autre défenseur que moi. Quand nous étions à Montesparre, je n’ai pas voulu faire de