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d’apparence peu praticable aboutissaient à celle où je me trouvais et dont le sol brut m’offrit la trace fraîche des gros souliers d’Amboise sur la pouzzolane. Je marchai alors avec plus de confiance, prêtant l’oreille au moindre bruit, mais certain de pouvoir au besoin me retirer ou me cacher dans quelque anfractuosité. J’avançais sans trouver d’obstacle depuis environ dix minutes, lorsqu’un point lumineux se montra devant moi. J’éteignis précipitamment ma bougie et regardai ce point éblouissant et fixe. Ce n’était pas une lumière en marche, c’était le jour ; la grotte s’ouvrait sur le torrent, dont le mugissement arrivait jusqu’à moi. J’y courus, mais pas d’autre issue que l’eau qui bondissait furieuse dans des abîmes. Je m’étais donc trompé de galerie, madame de Flamarande n’avait pu passer par là. J’examinai le tableau austère et charmant que les cascades et l’épaisse végétation échelonnée sur les parois du rocher formaient devant mes yeux. J’étais au fond d’un gouffre d’où il paraissait impossible de sortir par le côté du rivage sur lequel je me trouvais. Je reconnus en face de moi le sentier élevé où M. de Salcède m’était apparu pour disparaître comme par enchantement.

Il n’y avait pourtant pas moyen de passer sous la cascade, et je dus me livrer à d’infructueuses recherches qui me prirent du temps. Le jour augmentait, une lueur rosée répandue sur les objets m’annonçait que le soleil était levé. Je rentrai dans